MENSONGE, CORRUPTION ET VIOLENCE

Publié le par Tournys



LA VIOLENCE, FRUIT D'UNE SOCIETE PERVERTIE




        En 1968, la marmite était sous pression dans les universités et il y eut la révolte de quelques
individus, ce qui produisit les événements de mai et entraîna toute la jeunesse étudiante avant de
 rallier les mouvements syndicaux. Cela a accentué le mouvement hippie de marginalisation, c'est-à-dire
de retour à d'autres valeurs. Mais la marmite actuellement s'est remise sous pression parce qu'il
y eut les conséquences économiques de l'après mai, il y eut l'échec des communautés. L'ordre
scolaire a été rétabli au prix de quelques concessions de surface qui ne changent rien au fond. On a
arrondi les angles en supprimant les estrades, symboles de la distance et de la domination des
professeurs ; ceux-ci se mirent souvent à tutoyer les élèves. Le système dura bon an mal an dans une
quiétude relative malgré des explosions incontrôlables périodiques mais éphémères. Le système n'a
d'ailleurs pas chercher autre chose, durer en permettant aux différentes castes au pouvoir de se
maintenir et de maintenir leurs privilèges à travers l'enseignement comme à travers les autres structures
sociales.

 

Les crises sont nécessaires pour la prise de conscience de ce qui se passe et pour la nécessaire
découverte de soi, de ses aspirations. Les velléités et les rêves se confrontent alors à la matière
qui permet l'apprentissage de la vie sur terre. Mais à partir du moment où il y a déviation dans des
 structures contraignantes qui ne laissent plus aucune possibilité de s'en sortir par l'apprentissage
d'un métier gratifiant, par l'accès à une culture valorisante, à une fonction ayant un certain prestige,
par la sortie possible des difficultés et de la misère que constitue la promotion sociale... , toutes les
soupapes de sécurité étant bloquées, la machine ne peut qu'exploser. L'impression prévaut que seul
les êtres exceptionnels peuvent s'en sortir, qu'il n'y a aucun débouchés crédibles. Le tout-venant dont on
fait partie est irrémédiablement condamnés au chômage, à la misère, au RMI, aux « petits boulots »,
aux tâches parcellaires, sans intérêt et sans avenir.

Si les jeunes se défoulent violemment hors de l'école et dans l'école, c'est qu'en eux, la société
refoule le pulsif de vie. Ils refusent d'instinct des conditions de vie qui ne les épanouissent pas et bien au
contraire vont contre leur nature profonde mais ils ne voient aucune porte de sortie.

Comment s'exacerbent les frustrations ? Par la société d'abondance et de profit dont l'accès leur
est refusé. Les besoins des êtres humains sont toujours narcissiques ou compensatoires. Certains sont
naturels et vitaux comme le logement décent, la nourriture, le vêtement, les soins médicaux, etc.
D'autres sont artificiels et proviennent d'une société qui produit des biens dits de consommation non
seulement superflus, mais inutiles, voire nuisibles. Il est facile de faire croire aux individus d'une
population fragile qu'ils ont besoin de quelque chose de nouveau par une publicité adaptée. Les jeunes
sont sur ce point les plus vulnérables.

Une société injuste, dénaturée est toujours toujours contestée par des dissidents qui disent :
« ça suffit », à tort ou à raison. La vie naturelle cherche constamment à sortir, mais, étant refoulée, elle
sort mal, elle se manifeste violemment en tapant sur les autres et en engendrant des guerres.

De plus, la violence est le moyen d'expression de toutes les catégories sociales : grèves à
répétitions, manifestations musclées des camionneurs, des céréaliers, des éleveurs de porcs, des
cheminots, des conducteurs de bus, des pilotes d'avion... Ou chantages plus subtiles de
corporations "convenables" : armée, police, trusts pharmaceutiques et médicaux... La violence est de
fait partout puisque tout s'exprime en rapport de forces.

 

Il y a actuellement une culture de la haine qui est valorisée par une permissivité excessive
ou par une répression elle aussi excessive, les deux étant le plus souvent illogiques, incompréhensibles.
L'on passe très rapidement d'un excès dans l'autre.

 

La classe politique semble de plus en plus corrompue jusqu'aux plus hautes instances.
Les grands organismes internationaux politiques, médicaux, économiques, sociaux, sportifs, humanitaires
 révèlent scandales après scandales. L'information se découvre tronquée, truquée, mensongère, à la
recherche d'un sensationnel qui nourrit la bêtise et s'en nourrit. Les sportifs, qui offraient des exemples de
modèles, de héros, sont gangrenés par l'argent et par les drogues, légales ou non, du fait de
l'abus des compétitions. La haine s'étale partout entre les partis politique mais aussi à l'intérieur de
chaque parti, entre chasseurs et écolos, entre verts et partisans du nucléaire, entre syndicats rivaux, entre
 riches et marginalisés etc., et donc aussi entre élèves et professeurs. Comment le milieu scolaire
pourrait-il être une oasis de paix, de compréhension, de respect mutuel dans un tel contexte ?

 

Personne ne peut régler se problème, il faudrait se mettre dans un troisième point que les
responsables en place ne perçoivent pas, qu'ils sont même incapable d'imaginer.

 

Les cités des banlieues explosent les unes après les autres comme le ferait une marmite sous
pression. Leurs habitants, et principalement les plus jeunes qui en constituent la grande majorité, ne
trouvent pas la juste expression de leurs désirs au travers de réformes successives et contradictoires de
 moins en moins plausibles qui, voulant maladroitement remédier aux seules apparences, aggravent en
réalité le drame.

Les uns implosent, et c'est la maladie ou le suicide. Les autres explosent en violences de toutes
 sortes. Il en est de même d'ailleurs pour ceux qui sont sensés représentés l'ordre social, les
policiers, les commerçants, les enseignants, les pompiers, le SAMU, etc., pris dans des contradictions
ingérables, invivables.

Toutes les pressions subies, toutes les oppressions, mènent les uns et les autres aux
dépressions puisque la société ne permet pas la juste expression
des aspirations humaines authentiques mais
promeut des valeurs falsifiées.



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Publié dans Initiatives actuelles

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